Les affiches NAVSA à mettre en place
dans les salles de pause et à proximité
des distributeurs automatiques
Dans un contexte déjà insécure pour la profession, la crise de la Covid-19 percute la DA de plein fouet. Etat des lieux d’une crise sans précédent avec Yoann Chuffart, Délégué général de la Fédération NAVSA.
Alors qu’en mars nous faisions un point sur la situation législative insécure relative à l’usage du plastique en DA (1), il s’agit maintenant de sauver une profession qui affiche une baisse d’activité nationale de l’ordre de 90 % et environ 85 % de ses effectifs en activité partielle sur la période mars-avril (2).
Quels sont les impacts de la crise sanitaire liée à la Covid-19 sur la DA ?
D’abord, il est important de rappeler que dès le 14 mars, NAVSA a obtenu du Ministère de l’Economie que la vente par automates intègre la liste des activités autorisées (arrêté du 15 mars 2020 complétant l’arrêté du 14 mars 2020, puis décret n°2020-293 du 23 mars 2020). La DA a donc pu répondre présent partout où l’on avait besoin d’elle : les établissements de santé, les casernes de pompiers, les commissariats de police, les plates-formes logistiques, etc. De sorte que les femmes et les hommes de la DA, au premier rang desquels les approvisionneurs et les techniciens, ont eux aussi été « au front » et ce, dès le début de la crise. Cependant, la plupart des clients des gestionnaires ont fermé leurs portes à la suite de l’annonce du confinement, le 13 mars dernier, ce qui explique la forte baisse d’activité et la mise forcée au chômage partiel d’une grande partie des salariés. Après l’annonce mi-avril par le Président de la République d’un « déconfinement » à venir, les professionnels de la DA ont été confrontés à un problème qui avait surgi, en certains endroits, dès la fin du mois de mars : la réouverture des clients assortie de l’interdiction d’accès aux distributeurs automatiques et aux machines à café, ainsi que la fermeture des salles de pause. On s’est alors trouvé dans une situation ubuesque : alors que notre activité est autorisée en droit, elle s’est vue en pratique interdite, à la suite d’initiatives individuelles émanant des donneurs d’ordre dans les entreprises. Pis encore : le Ministère du Travail a validé des « fiches métier » sectorielles dans lesquelles est recommandé de « condamner » les distributeurs automatiques. Ce faisant, le Ministère du Travail est venu entraver la « reprise » annoncée et contredire ouvertement le Gouvernement… Face à cette situation, NAVSA a saisi la Direction générale du Travail (DGT) ainsi que la Direction générale des Entreprises (DGE) en demandant que les « fiches métier » soient corrigées, qu’une « fiche métier » soit validée pour la distribution automatique et que les autorités publiques réaffirment le principe d’autorisation d’accès aux distributeurs automatiques dans le « protocole national de déconfinement ». C’est cette dernière revendication qui a été satisfaite dans un premier temps : après d’âpres négociations avec le cabinet de la Secrétaire d’Etat Agnès Pannier-Runacher, NAVSA a obtenu que, dans le « plan national de déconfinement » paru le 3 mai, l’accès au distributeur soit le principe et l’interdiction d’accès l’exception. Dans ce combat, NAVSA a également rallié certains parlementaires à la cause de la distribution automatique, tout à coup stigmatisée alors que la profession a vu ses femmes et ses hommes solidaires et engagés depuis le début de la crise.
Aujourd’hui, comment va la DA ? Le déconfinement sonne-t-il la reprise de l’activité ?
Sur le terrain, les difficultés persistent donc nous devons poursuivre le combat… Si NAVSA a obtenu que le « protocole national de déconfinement » ne soit pas préjudiciable à la profession et que la plupart des « fiches métier » sectorielles (qui « condamnaient » les DA) soient revues, les négociations avec les autorités continuent : la validation d’une « fiche métier » dédiée à la DA, ainsi qu’une prise de position politique forte en faveur de la poursuite de notre activité sont nécessaires. Dans le contexte actuel, il est évident que la « reprise » annoncée le 11 mai n’en est pas une pour les professionnels de la DA, qui font face à des chefs d’entreprise « tétanisés » par la « responsabilité de l’employeur » (que NAVSA avait désigné comme un « risque » pour la reprise dès la fin du mois de mars dans son dialogue inter-fédéral). A ce sujet, l’enjeu est éminemment politique… Et avec les périodes « creuses » en perspective, le risque d’une « deuxième vague », les nombreuses incertitudes entourant la réouverture de plusieurs lieux de vente traditionnels de la DA, les comportements d’évitement du consommateur et le maintien désormais acté d’un cadre légal exceptionnel fortement contraignant pour tous les acteurs économiques, un « retour à la normale » en 2020 est peu probable… Néanmoins, la Fédération poursuit le combat pour les acteurs de la DA afin, notamment, que la profession puisse s’insérer dans le « plan de relance de l’économie nationale ».
Quelles actions menez-vous pour favoriser une reprise d’activité et rassurer les donneurs d’ordre et les usagers des DA ?
NAVSA a fourni aux gestionnaires adhérents ainsi qu’aux non adhérents une série d’outils pour faciliter le « redémarrage » de l’activité sur le terrain : un protocole sanitaire spécifique à la DA, des affiches à apposer sur les machines et dans les lieux où elles sont installées, une attestation employeur-employé établissant les responsabilités de chacun afin de garantir un cadre de travail adapté pour tous. Evidemment, la Fédération accompagne quotidiennement les gestionnaires, y compris les non adhérents, dans ce contexte inédit pour les acteurs économiques. En prévision de la « reprise », plusieurs demandes ont été adressées au Ministère de l’Economie afin de conduire l’activité à un « retour à la normale » dans les mois à venir ou, à tout le moins, de le favoriser. Une question importante, encore débattue, est celle des stocks de denrées alimentaires immobilisés à la fois dans les entrepôts et dans les machines : NAVSA a entamé les discussions sur ce sujet dès la fin du mois de mars avec la DGCCRF et la DGE, bientôt rejointe par d’autres fédérations du secteur alimentaire. Mi-avril, NAVSA a participé à la mise en place d’un groupe de travail réunissant une vingtaine de fédérations représentant les acteurs du hors domicile afin de porter des propositions communes. Nous avançons…
Quels conseils la Fédération donne-t-elle aux professionnels du secteur dans cette période ?
Le premier conseil est de faire remonter à l’équipe toutes les difficultés auxquelles ils sont confrontés dans ce contexte de crise inédit afin que l’on puisse trouver ensemble quelle réponse efficace y apporter. Le deuxième conseil est de s’impliquer pleinement dans l’action fédérale lorsque cela est nécessaire, par exemple en mobilisant localement les autorités administratives et politiques comme NAVSA l’a déjà conseillé en adressant une « stratégie d’influence locale » aux gestionnaires, afin d’amorcer la prise de parole de la Fédération au niveau local : les entreprises sont encore les mieux placées pour créer le lien localement et permettre ensuite à la Fédération de prendre le relais pour organiser l’action collective. Cette crise donne ainsi à voir l’utilité d’une Fédération nationale pour les entreprises d’un secteur, et nous appelons plus que jamais tous les acteurs de la DA que nous aidons aujourd’hui au quotidien à se fédérer !