L’un des objectifs du PNNS 4 (2021-2023), auquel contribue l’ANSES, est de diminuer de 20 % la fréquence de surpoids et d’obésité chez les enfants et les adolescents.
L’Agence Nationale de la Sécurité Sanitaire et de l’Alimentation a rendu en décembre dernier son programme de travail pour l’année 2020, principalement tourné vers la réduction des risques sanitaires.
Le nouveau programme de travail commence par une touche enthousiaste : l’audit et les plans d’action de l’ANSES trouvent après quelques années un écho particulier dans la sphère des structures gouvernementales responsables de la santé publique. « La mise en place de directions scientifiques transverses au cours de l’année 2017 a permis, depuis lors, de renforcer la cohérence et l’efficience de l’action de l’agence sur chacun de ses champs d’action. Elle a également permis d’impulser une dynamique transversale affirmée pour les activités de recherche, de référence et de surveillance, et de renforcer les synergies avec les directions d’évaluation des risques et des produits réglementés. ». Malgré les efforts de démocratisation pour diffuser un discours et des pratiques autour d’une alimentation saine auprès de la population, les Français n’ont pas encore intégré les recommandations du PNNS à leurs habitudes de consommation.
Les Français, mauvais élèves en nutrition…
La nutrition représente pourtant le premier facteur de risque de perte d’années de vie en bonne santé (à hauteur de 31 %), devant le tabac (12 %) et l’alcool (7 %). Dans un récapitulatif inspiré des rapports de l’ANSES, le dispositif Manger Bouger souligne également que 28 % des Français âgés de 18 à 54 ans sont en surpoids, et 15 % situation d’obésité. D’autres chiffres marquants apparaissent dans ce document visant à rappeler les recommandations nutritionnelles. Par exemple, on apprend que les Français consomment encore trop peu de fibres, que l’on trouve notamment dans les produits céréaliers complets, ou encore dans les fruits et légumes : 72 % des adultes consomment d’ailleurs moins de 5 fruits et légumes par jour. Le sel, les acides gras saturés et les boissons sucrées restent encore consommés en trop grosse quantité par rapport aux indications des experts. Cependant, ils sont motivés à changer la donne, portés par un éveil des consciences collective et individuelle : « Dans une société de plus en plus urbaine (plus de sept Français sur dix vivent en ville) et parfois éloignée de la connaissance des modes de production, nos concitoyens sont de plus en plus en demande de transparence et d’éthique : bien-être animal en élevage, durant les transports et à l’abattage, schémas de production (intensif, extensif, hors sol…), expositions imputables aux pratiques agricoles y compris pour les agriculteurs, respect de l’environnement et durabilité des pratiques, sécurité sanitaire, qualité nutritionnelle, etc. Ce regard extérieur porté sur les pratiques de production concourt à promouvoir la notion d’alimentation à la fois ‘saine, sûre et durable’, concept intégratif de toutes les dimensions que peut revêtir l’alimentation. De plus, de nouvelles tendances de consommation s’affirment et, plus que jamais le lien entre santé et alimentation est questionné au point de parfois en devenir une quête quasi existentielle. ».
Les trois chantiers de 2020
Forte de ce constat, l’ANSES annonce qu’elle poursuivra la plupart des chantiers mis en place, dont les résultats alimenteront notamment la révision ou la création d’outils simples d’appréhension pour tous, des consommateurs aux autorités responsables en passant par les industries agroalimentaires. Face aux récentes crises d’hygiène alimentaire qui ont ébranlé l’opinion publique (notamment le cas de salmonelle dans les laits infantiles), il est prioritaire pour l’Agence de « renforcer la maîtrise des risques sanitaires liés aux dangers pour une alimentation sûre ». Pour ce faire, elle déploie de nouvelles méthodes de récolte, d’analyse et de classement des données, au moyen d’outils technologiques avancés et de procédés innovants. L’objectif de cette première démarche est de prioriser les objets de vigilance afin de mieux les contrôler. Un autre challenge réside dans la démarche de documentation de l’offre alimentaire et des risques nutritionnels pour une alimentation saine. L’épidémie d’obésité qui contamine la population française constitue un signal alarmant qui justifie les efforts de l’ANSES dans le sens d’une amélioration des indications nutritionnelles : « Le renforcement de l’Observatoire de la Qualité de l’Alimentation (OQALI), conjointement avec l’INRA, restera un enjeu déterminant. Il s’agit pour l’ANSES de pérenniser (moyens et ETP), de consolider et d’étendre (inclusion démarrée en 2018 des mentions Nutri-score dans les observations, étude sur la présence des additifs, travaux potentiels sur la restauration hors foyer ou les Outre-mer) les activités de l’OQALI avec à la clef, en particulier, la publication régulière d’études de la qualité des aliments par grands secteurs alimentaires et le suivi du déploiement et de l’influence du Nutri-score. ». Cet axe prévoit notamment l’observation et la documentation de l’adéquation entre les repères nutritionnels et l’activité physique d’un individu, de façon à établir une nomenclature plus révélatrice de la pluralité des profils. D’autre part, l’Agence se penchera en 2020 sur le rythme et la quantité des prises alimentaires dans une journée et leur influence sur les paramètres de santé. La dernière piste de travail de l’ANSES consiste à « anticiper les nouveaux risques et les nouvelles tendances pour une évaluation évolutive et intégrée », qui tend par exemple à prévoir les dangers d’une surexposition d’un produit dans une usine à plusieurs facteurs, dont les perturbateurs endocriniens.