« De A à Z, le décryptage des tendances fait la part
belle au premium »
Parce que les frontières entre la distribution automatique et l’HoReCa sont poreuses, DA Mag associe pour la première fois ces deux univers dans un état des lieux que la rédaction a l’habitude d’effectuer à l’occasion de Vending Paris.
Ambiance
Selon l’INSEE, l’année 2016 s’est achevée par une hausse du PIB (+1,2 %), de l’emploi (+1,1 %), des dépenses des ménages (+1,8 %) et des investissements des sociétés (+4,3 %). Dans le même temps, les défaillances d’entreprises ont fléchi de 8 % pour atteindre le niveau le plus bas depuis 2008, indiquent les analystes en situant, par ailleurs, la confiance des ménages à un indice moyen de 100 alors qu’il oscillait entre 80 et 90 depuis 2008. Malgré ces indicateurs encourageants, la distribution automatique reste atone. En effet, le baromètre I+C/ NAVSA calcule que la tendance annuelle des ventes enregistrées par les sociétés de gestion s’est effritée de 1,5 % au 1er trimestre 2016, de 1 % au second, de 0,5 % au troisième, pour enfin frémir de +0,1 % au dernier trimestre. Hormis des écarts de situation relevés en fonction de la taille des entreprises, « le développement de la lunch box chez les salariés impacte les consommations au DA », commente Matthieu Turpain, Délégué général de NAVSA. Sachant qu’environ 80 % du chiffre d’affaires de la profession est réalisé dans les entreprises, il y a donc urgence à faire revenir les salariés au DA ; ce n’est pas chose facile même si toute la profession s’y emploie via de nouvelles offres de boissons chaudes et de nouvelles facilités de paiement. En parallèle, la Chambre syndicale s’inquiète en ces termes : « le suivi, l’évolution et l’issue de nombreux dossiers qui nous mobilisent peuvent être suspendus aux prochaines échéances électorales ».
Boissons
Les boissons chaudes représentent environ 70 % de l’activité des distributeurs automatiques, et le café constitue la moitié du chiffre d’affaires de cette catégorie majeure sur laquelle nous reviendrons à plusieurs reprises dans les pages suivantes. Du côté des BRSA qui assurent, avec les snacks, 30 % du chiffre d’affaires des automates, l’actualité des fournisseurs historiques (NDLR : et celle des prétendants aux spires) est dominée, d’une part, par le développement des formules naturelles et/ou contenant moins de sucres afin de répondre aux nouvelles exigences des consommateurs attentifs à leur santé et à leur bien-être, qui s’ajoutent aux attentes de plaisir et de rafraîchissement. D’autre part, la canette emblématique du Vending cède progressivement du terrain à la slim can dont l’allure apporte de la modernité à son aînée. Par contre, si leur contenance est identique (33 cl), leur machinabilité ne l’est guère : implanter la slim can 33 cl nécessite un réglage de l’automate, et des professionnels estiment que 25 000 DA ne peuvent recevoir de telles modifications. Face à ces contraintes techniques, certains fournisseurs maintiennent une double offre pour les gestionnaires, et d’autres proposent une période de transition pour leur donner le temps d’adapter leurs équipements à ces nouveaux formats.
Coffee corner
2016 marque nettement un tournant dans la généralisation du coffee corner tout automatique, notamment en entreprise où les concepts en libre-service véhiculent une image dynamique, innovante et conviviale auprès des collaborateurs et des visiteurs. Pour les fabricants de matériel, c’est l’occasion de développer de la valeur ajoutée à plusieurs niveaux. Capable de confectionner un breuvage rivalisant avec le travail du barista, la machine tire désormais les bénéfices de son environnement : le succès d’un espace dédié à la pause repose plus sur des valeurs que sur la technique, acquise par tous. On entre plus que jamais dans une démarche marketing que les fournisseurs de produits, à l’instar de JDE, exploitent au travers de solutions pensées pour tous les goûts et toutes les cibles.
Droit
Parmi les sujets épineux qui mobilisent NAVSA, l’ordonnance réformant le droit des contrats aurait normalement dû être
ratifiée par le Parlement avant la fi n de la session qui s’est achevée le 23 février 2017. Faute d’avoir été inscrite à l’ordre de ce jour, la ratification attendra la reprise des sessions en juillet, soit après les élections présidentielles. Des amendements viendront-ils modifier l’ordonnance même à la marge ? Des contentieux sont à craindre. Pour l’heure, NAVSA fournit à ses adhérents les éclairages nécessaires à la compréhension de la clause relative à la tacite reconduction, sans jamais se substituer aux services d’un avocat qui s’imposent en cas de subtilité juridique à interpréter. A propos du compte pénibilité, la solution de NAVSA est juridiquement sécurisante en ce sens que le référentiel multibranches incluant la convention collective du Commerce de gros et international a été homologué par la direction générale du travail en lien avec la CGI. Concrètement, la valeur ajoutée apportée par NAVSA consiste à mettre à la disposition des chefs d’entreprises l’application web G2P pour les aider à évaluer la pénibilité de chaque salarié. Enfin, la fiscalité relative aux produits sucrés reste chahutée. C’est ainsi que dernièrement, certains amendements ont poussé le vice jusqu’à demander le triplement de la taxe soda en contrepartie de la suppression de micro-taxes à faible rendement. NAVSA a toujours interpellé les auteurs de ces amendements en tenant un discours politique défendant le pouvoir d’achat des consommateurs et la nécessaire stabilité fiscale de la profession déjà éprouvée par la TVA. Si jusqu’à présent aucun amendement de ce type n’a été retenu, le débat reviendra lors des prochains textes examinés par le Parlement, qu’il s’agisse de textes budgétaires ou d’un éventuel texte relatif à la santé publique.
Expérience consommateur
Habitué au confort et à la qualité des solutions domestiques, le consommateur est curieux d’une offre plus gourmande grâce au dynamisme et à la force marketing des coffee shops chaînés, tentant de restituer l’aspect « cocooning » du moment de pause. Et c’est bien là le nouveau levier marketing gagnant pour le CHR : l’expérience. Couleurs, design du packaging, écrans tactiles permettant de mettre en valeur le produit et de communiquer avec le consommateur, moyens de paiement multiples, rapides et intuitifs, stratégies marketing offensives, accessoires brandés, temps forts événementiels… tout est réuni pour séduire et fidéliser le consommateur autour d’un service dynamique, et d’une offre premium et diversifiée.
Frais
Gérer la DLC des sandwiches, salades-repas, plats cuisinés, parts de tartes, produits laitiers et fruits découpés exige une organisation chirurgicale et une logistique exemplaire. Du côté des industriels, les spécialistes de cette technologie ajoutent parfois un à deux jours de durée de vie à leurs fabrications. D’autres en revanche, estiment qu’une DLC ultra-courte est gage de qualité pour les exploitants et leurs clients. A condition d’intégrer ces offres premium dans les sites sélectionnés pour la densité de leur trafic et le profil de leur clientèle. « Dans une optique de différenciation et de service, les produits frais permettent de gagner des marchés lors des appels d’offre », constate Pierre Albrieux, le Président de NAVSA, en élargissant ainsi son propos ; les produits de restauration contribueront à développer les ventes de la DA en entreprises lorsque le dossier relatif à la dématérialisation des titres restaurant trouvera une issue. Bonne nouvelle : en relation avec la CNTR, NAVSA devrait très prochainement aboutir à une solution satisfaisante.
Gobelets
Edictant les modalités de mise en oeuvre de la limitation des gobelets, verres et assiettes jetables en plastique, « la forme
finale du décret paru fin août 2016 au Journal officiel favoriserait la distribution automatique qui échapperait au pire », résume prudemment Matthieu Turpain en rappelant la défense de la profession basée sur la subtilité juridique européenne selon laquelle le gobelet DA est indissociable de la prestation. En revanche, les fontaines à eau et l’OCS sont toujours en ligne de mire. Aussi, le groupe de travail constitué par NAVSA et dédié aux gobelets poursuit ses actions auprès de l’administration et sa veille juridique, relatives aux modalités d’application de ce décret dont l’échéance est le 1er janvier 2020.
Habillage
La création d’espaces dédiés à la pause-repas ou à la pause-café contribue à la visibilité de l’offre et au confort des consommateurs. En matière de freestanding, la labellisation des automates est le plus souvent proposée par les marques nationales qui aspirent à suivre les consommateurs partout où ils se trouvent. Les autres options prisées des gestionnaires consistent à illustrer les lexans aux couleurs de leur entreprise ou à réserver ces espaces de communication à des partenaires locaux ou régionaux. Par ailleurs, des sociétés de gestion majeures créent des thématiques en lien avec des événements ou avec les nouvelles tendances de consommation. En tout état de cause, l’habillage des automates anime les sites, réchauffe l’ambiance et suggère l’expérience attendue par le consommateur. Ces réflexions s’étendent à l’OCS et aux coffee corners où les fournisseurs de boissons chaudes et de machines automatiques travaillent en collaboration avec les spécialistes de la conception et de la réalisation de tels espaces.