La boutique automatique Au bout du champ de Levallois comprend une centaine de casiers
On trouve presque tout dans les distributeurs automatiques, lesquels ne se cantonnent plus aux boissons, aux snacks et aux confiseries. Même si cette offre reste encore largement majoritaire, de nombreuses pistes de diversification sont explorées, aussi bien en alimentaire qu’en non alimentaire.
Accessoires funéraires, articles pour vélo, parapluies, fleurs, maillots de bain, ballerines, maquillage… la distribution automatique fait des émules. Toutes les initiatives ne connaissent pas le succès espéré. En revanche, certaines semblent dessiner une tendance de fond. C’est le cas des DA de produits agricoles qui depuis un peu plus de 5 ans se multiplient sur tout le territoire. Et pour cause, les producteurs agricoles les utilisent pour écouler leurs surplus en direct, sans intermédiaire.
Belle percée des DA de produits fermiers
« Très souvent, ils pratiquent déjà la vente dans leur exploitation. Le distributeur vient en complément de leur boutique », explique Sylvia Filbing. La responsable commerciale de la société éponyme sait de quoi elle parle. Créée en 2008, Filbing Distribution a initié ce marché dans l’Hexagone en proposant un concept modulable de distributeur automatique à casiers. Pratiques à charger, adaptés pour accueillir des formats très disparates, les casiers présentent également l’avantage d’offrir une belle visibilité aux produits. Proposés en neuf tailles et trois profondeurs, ils permettent à l’exploitant de choisir la configuration de sa machine, qu’il peut compléter avec les options qui l’intéressent : casiers réfrigérés, paiement par carte bancaire, éclairage, écran tactile… Filbing a récemment développé un système de gestion à distance permettant d’obtenir par SMS des informations sur les ventes effectuées par casier, voire de programmer une alarme pour le réapprovisionnement. « Nous comptabilisons aujourd’hui 218 clients mais le nombre de machines installées est bien plus important, car certains exploitants en ont acheté plusieurs ».
La variété de l’offre soutient les ventes
Le record est détenu par Les Jardins de Laura. Son propriétaire, Jacky Bouclier, réceptionnera sa douzième machine en mars prochain. Pour ce producteur de légumes installé à Reignier (Haute-Savoie), la distribution automatique est devenue une activité majeure. « J’ai renoncé à travailler avec la grande distribution car ses acheteurs ne tiennent absolument pas compte de nos contraintes de coût. La seule chose qui les intéresse, c’est d’obtenir les prix les plus bas ». Jacky Bouclier a installé son premier distributeur à casiers devant son exploitation en 2011. Aujourd’hui, il en exploite deux en extérieur (trois à partir du mois de mars), abrités sous un chalet, et a créé une boutique automatique de neuf machines, soit 313 casiers au total qui lui permettent d’effectuer en moyenne 400 ventes par jour ! « Créer une boutique est très vendeur. Les clients viennent parce qu’ils savent qu’ils auront du choix », ajoute-t-il. En dehors des légumes issus de son exploitation, Jacky Bouclier revend les produits d’autres producteurs locaux (fruits, jus, oeufs, yaourts prochainement…). Et il est loin d’être le seul. Thibaud Jorel, de La Ferme des Sablons dans l’Oise, achète du miel et de l’huile fermière à des collègues. Il vend même avec succès de la nourriture pour animaux, notamment du blé pour les poules. « Plus l’offre est variée, mieux c’est. Nous changeons d’ailleurs régulièrement la composition de nos casiers », confirme-t-il. Gérant d’une exploitation céréalière de 300 hectares, avec une partie de son activité consacrée à l’élevage de bovins et de volailles, il propose aussi de la viande de boeuf. « Elle est découpée et mise sous vide par un prestataire pour la vente que nous organisons chaque mois dans notre boutique. Le distributeur nous permet de commercialiser les surplus éventuels ». Grâce à l’automate, il écoule aussi la totalité des oeufs de ses 200 poules, soit 150 oeufs de plein air par jour en moyenne.
Du producteur au consommateur
Si les clients sont au rendez-vous, c’est parce qu’ils ont de plus en plus besoin d’être rassurés sur l’origine des aliments. Les DA de produits fermiers leur donnent accès à des produits de saison frais, de qualité, cultivés localement et disponibles en libre-service sans contraintes d’horaires. Pour les exploitants, c’est un moyen d’effectuer des ventes additionnelles en dehors des horaires d’ouverture de leur boutique, avec le même niveau de prix. « Une machine permet de pallier les problèmes de personnel et libère du temps pour la production », renchérit Patrice Ey. Cet éleveur de volailles, également producteur de fruits et légumes bio dans les Pyrénées-Orientales, ferme sa boutique le dimanche et le lundi. « Le soir et pendant ces deux jours, le distributeur prend le relais. Il nous a même permis d’attirer une clientèle plus jeune qui n’entrait pas dans la ferme ». Encore faut-il que la machine soit bien visible. Majoritairement, les producteurs choisissent de la placer devant leur exploitation, ce qui facilite le remplissage des casiers ou, quand c’est possible, à proximité d’un axe routier. Ce qui nécessite de prévoir un parking et de demander une autorisation si le DA est situé dans le domaine public. Reste à rendre l’automate attractif et à développer sa notoriété.