Arrivée dans un contexte de changement réglementaire autour de l’utilisation du plastique à usage unique, la crise sanitaire liée à la Covid-19 peut-elle avoir des conséquences sur la législation en cours ?
Alors qu’il était synonyme de pollution et d’ancien monde, et que son utilisation vivait ses derniers mois en DA, le plastique à usage unique semble opérer un discret retour puisqu’il rime désormais et positivement avec hygiène et usage unique. Entre application des gestes barrières et peur d’une deuxième vague, peut-on craindre (ou espérer) un retour en arrière ou tout du moins une transition plus douce vers le sans plastique ?
Du plomb dans l’aile pour les mugs réutilisables
S’il y a bien une pratique de consommation qui semble être impactée par la Covid-19, c’est l’usage de mugs ramenés directement par les employés ou fournis par la direction d’entreprise pour aller chercher son café au distributeur. « Au moment de l’interdiction du plastique, beaucoup de clients utilisaient leurs propres mugs, et déjà à l’époque je les sensibilisais sur les risques de cette pratique : mal lavé, ou utilisé avec des mains sales dans l’environnement chaud et humide de la distribution, il semblait rassembler les conditions idéales de développement de bactéries. L’irruption d’une épidémie a tout à coup fait prendre conscience aux gestionnaires que les mugs étaient un risque et beaucoup préfèrent désormais montrer patte blanche et éviter tout risque supplémentaire », explique Ludovic Delegrange, Responsable développement commercial chez Flo Vending. Même constat pour Lucie Chevalier-Juneau, Key Account Manager CEE R Schisler : « Dans le monde d’après, chacun devrait rester sur ses positions mais les modalités d’application sur le terrain risquent fort d’être modifiées ; d’ailleurs, depuis la crise sanitaire, nous constatons que certaines institutions ou entreprises rachètent des gobelets alors qu’ils plébiscitaient auparavant les mugs ; et les quantités achetées ne correspondent pas à un retour au gobelet pour quelques semaines seulement ». C’est bien l’usage unique et non le plastique à proprement parler qui semble rassurer les gestionnaires et donneurs d’ordre, et en tout état de cause, il paraît aujourd’hui inimaginable pour une entreprise de laisser les mugs de ses salariés prendre la poussière sur des étagères à la merci de n’importe qui.
Du plastique au 100 % carton : transition retardée ou accélérée ?
Tous les acteurs s’accordent à le dire : il est bien difficile d’imaginer un retour en arrière vers le tout plastique d’autant que nombreux sont ceux à appeler à plus d’écologie après cette crise. Et pour ce qui concerne strictement la transition du plastique au carton pelliculé ou directement au 100 % carton enduit monomatériau sans plastique, la ligne de conduite semble rester la même au sommet de l’Etat – peut-être avec un quelconque retard. – « Nous attendons toujours de connaître le taux de plastique autorisé à compter de juillet 2021 (arrêté « EGALIM »), et si nous sommes conscients que le calendrier peut éventuellement changer, nous nous faisons un devoir de rester sur le calendrier fixé, » insiste Ludovic Delegrange. Chez CEE R Schisler, on observe les différentes stratégies mises en place selon les acteurs : « Certains de nos clients ont choisi d’utiliser tout de suite le Earth Cup, notre gobelet 100 % carton enduit monomatériau sans film plastique sorti en 2018 (label OK Compost home), sans passer par le gobelet pelliculé PE ou PLA, pourtant moins cher. Pour certains, le surcoût engendré est en fait un investissement en communication ; d’autres clients préfèrent opter pour le Earth Cup et donc payer plus cher dès maintenant pour tisser une relation de confiance avec nous et que nous puissions sécuriser et honorer toutes leurs commandes, actuelles et futures, quand la situation deviendra plus tendue sur les approvisionnements en gobelets carton. Pour le Vending, les gestionnaires y viendront sans doute petit à petit, probablement en passant par le carton pelliculé avant de basculer vers le 100 % carton enduit monomatériau sans film plastique », note Lucie Chevalier. Car même si le rythme de production est désormais de plusieurs centaines de millions d’Earth Cup chez CEE R Schisler, les demandes ont tellement afflué qu’il aurait été impossible de passer d’un claquement de doigt du carton pelliculé PE ou PLA à ce nouveau carton et qu’il faut encore aujourd’hui laisser le temps à ce nouveau gobelet de se développer et d’être produit à des milliards d’exemplaires. Chez Flo Vending, le gobelet 100 % carton de demain s’appelle le Pure Paper avec un vernis de surface sans plastique et sa sortie a été annoncée pour juin (Cf. article p.38). Avec toujours pour les gestionnaires une équation pas simple à résoudre : un surcoût par rapport au gobelet plastique ou pelliculé et des gobelets plus fragiles pouvant générer plus de pannes en distributeur.