A l’occasion de la Journée Mondiale du cacao, le Syndicat du cacao avait organisé une journée d’information et d’échanges au Ministère de la Transition Écologique et Solidaire dont le thème portait sur le cacao durable.
Alors que l’industrie mondiale du chocolat génère un chiffre d’affaires annuel de 150 milliards de dollars, la pérennité même de ce marché impose de faire face à de nombreux enjeux environnementaux et sociaux. L’avenir de la filière cacao passe par le développement durable et, fait notable, les différents acteurs du marché en ont pris conscience dès la fin des années 90. En la matière, les industriels sont les vrais moteurs du changement en mettant en place des programmes spécifiques visant soit à l’amélioration des conditions de vie des planteurs et de leur famille, soit à favoriser de meilleurs pratiques.
Des enjeux environnementaux et sociaux
Aujourd’hui, le dérèglement climatique représente la plus grave menace pour la filière du cacao. Parallèlement, le vieillissement des plantations constitue aussi une menace envers l’approvisionnement des transformateurs et donc directement la production. Face à ces enjeux environnementaux, la filière a mis en place des actions visant à renouveler les plants de cacao tout en développant de nouvelles variétés plus résistantes aux maladies. Egalement, les cacaoculteurs sont formés aux bonnes pratiques agricoles et des programmes permettent de lutter contre la déforestation et l’appauvrissement des sols, notamment grâce à l’agroforesterie, laquelle a bien d’autres effets positifs (cf. encadré), notamment face au réchauffement climatique.Le deuxième enjeu majeur concerne la pauvreté et surtout le travail des enfants. Pour lutter contre la pauvreté, les plans d’action visent à améliorer les infrastructures (hôpitaux, routes, écoles…) et les services, à développer l’expertise des planteurs, favoriser l’accès aux financements et à construire des écoles. Ceci est lié à l’enjeu environnemental dans la mesure où la lutte contre la pauvreté passe aussi par l’amélioration des rendements et donc des revenus.Contre le travail des enfants, un effort particulier est porté sur la scolarisation, qui implique souvent le recrutement d’enseignants. Enfin, l’autonomie des femmes est favorisée afin de diversifier les revenus du foyer, notamment par le développement de la culture vivrière.En tout état de cause, la mise en oeuvre de toutes ces actions se fera d’une part en développant la certification durable des productions et d’autre part par la mise en place de coopératives, structures à même de gérer les plantations et les programmes.
Des industriels actifs
Des artisans chocolatiers aux puissants industriels, tous ont compris que s’ils voulaient continuer à produire du chocolat, il leur faudrait du cacao. Or, dès l’année 2000, la filière s’est trouvée face à une diminution de la production des cacaoyers du fait d’arbres vieillissants qui n’étaient pas remplacés faute de moyens. Il leur fallait donc réagir rapidement pour garantir les futures récoltes et nombreux sont ceux qui se sont investis dans des programmes durables : Cocoa Farming Program de Lindt & Sprüngli, Plan Cacao de Nestlé, Cocoa Life chez Mondelez, Cocoa for Generations chez Mars, F3C chez Ferrero, Cocoa Horizons chez Barry Callebaut, Transparence Cacao chez Cémoi, etc. Les investissements dans ces programmes sont conséquents, les industriels leur affectant des dizaines de millions d’euros, avec à la clé des résultats tangibles à l’échelon local. Et pour eux, une augmentation de la production certifiée, gage de durabilité. Le cas du cacao est particulièrement intéressant car il montre à quel point les intérêts des industriels et ceux des producteurs sont interdépendants. Il est également intéressant dans la mesure où la mise en oeuvre d’un schéma vertueux et durable permettra à toute la filière, du producteur au transformateur, de garantir son avenir.