Résistant à l’eau chaude, sans additif, sans goût ni odeur, la spatule APS sera proposée au même tarif que les spatules en bois.
Connu pour ses bols et ses gobelets prédosés, APS est aussi le seul fabricant français de spatules en plastique. Leur prochaine interdiction a conduit Pierre Le Gendre et ses équipes à réinventer leur métier pour proposer au marché une spatule papier parfaitement adaptée aux contraintes de la distribution automatique.
APS a été créée il y a vingt-cinq ans par Michel Métais et produisait à l’origine des bols et des gobelets prédosés. La société fut reprise en 2010 par Jean-Yves Le Gendre, père de l’actuel dirigeant, Pierre Le Gendre. Depuis le rachat, la nouvelle équipe a considérablement développé l’entreprise, notamment par des diversifications, laquelle réalise désormais plus de 5 millions d’euros de chiffre d’affaires annuel.
Le facteur déclenchant
En 2016, les premières lois interdisant les couverts et assiettes en plastique ont été promulguées, suivies deux ans plus tard de l’interdiction des pailles, des gobelets… et des spatules à l’horizon 2020. Face à cette menace relativement imminente, Pierre Le Gendre et ses équipes cherchent un substitut au plastique. Plusieurs options s’offrent à eux : le PLA, mais il induit des problèmes techniques et coûte cher à produire, en plus le PLA n’est pas ‘home compost’, ce qui n’est pas conforme à la loi ; ils pensent également au bois, au bois français notamment, mais il est deux à trois fois plus cher que celui qui vient de Chine. Après neuf mois de tests et de tentatives, cette piste est abandonnée car ils ne parvenaient pas à être compétitifs ; restait le papier, sans trop y croire au début, mais force est de constater que les premiers essais fonctionnent plutôt bien. C’est cette voie qui sera finalement choisie.
Du papier, rien que du papier
En procédant au ‘sourcing’ du papier, Pierre Le Gendre trouve un fabricant qui produit un papier composé de fibres longues et extrêmement dense, très compressé. Il s’agit d’un papier très qualitatif à base de pâte vierge (et forcément onéreux). A noter qu’aucun additif n’est ajouté au papier pour le rendre étanche. Les tests de fabrication sont lancés et les résultats sont plus qu’encourageants, l’eau met du temps à pénétrer le papier « à l’inverse d’un effet buvard », et la spatule tient plusieurs dizaines de minutes dans de l’eau chaude, « la compression autorise la tenue dans le temps », précise le dirigeant d’APS. Quant aux tests organoleptiques, ils démontrent l’absence de goût ou d’odeur, la spatule est totalement neutre sur ce plan-là. Enfin, ces spatules se jettent dans le bac à papier, en attendant qu’elles soient ‘home compost’.Les premiers essais chez des gestionnaires sont lancés à l’été 2019 et dès septembre, les retours sont très positifs, le produit plaît et est parfaitement machinable. Le Covid ralentira la mise en oeuvre d’une machine spéciale nécessaire à la production des spatules, ce qui fait que leur commercialisation n’a démarré que début novembre 2020.
Un gros challenge
« Le problème majeur était de demander à nos collaborateurs, qui sont des plasturgistes, de devenir des papetiers. Il a fallu donc industrialiser un process totalement étranger à la culture de l’entreprise, nous avons dû nous réinventer complètement », analyse Pierre Le Gendre. L’objectif d’APS est désormais de dépasser les volumes historiques réalisés avec les spatules en plastique. Pour cela, APS va investir dans de nouvelles conditionneuses et affiner la production pour être à 100 % des capacités.